COMMUNIQUÉ SEROPP
Le Bureau de la Société Européenne de Recherche en Ostéopathie Périnatale et Pédiatrique (SEROPP) a souhaité faire une mise au point à la suite de la lecture de l’article intitulé « L’ostéopathie crânienne pour les bébés est-elle utile ? » publié dans le quotidien Le Figaro dans son édition du 22 mars 2021, et pour lequel Roselyne Lalauze-Pol, Présidente de la SEROPP, a été interviewée.
Comme dans un article précédent et très ressemblant du Figaro de 2019, la présentation qui est faite de l’ostéopathie crânienne pour les nourrissons dans cet article est partielle, voire partiale même si l’on peut y lire les propos d’une ostéopathe, de deux kinésithérapeutes et d’un neuropédiatre.
Pour commencer, il est écrit que l’objectif de l’ostéopathie crânienne est de « rétablir les supposées perturbations crâniennes générées par le «traumatisme » de la naissance ». Alors qu’en réalité il est de rétablir de possibles mais réelles perturbations crâniennes qui peuvent trouver leur origine dans les contraintes existant durant la gestation et/ou lors d’une naissance qui peut alors être qualifiée de traumatique.
Ce qui n’est pas du tout la même chose. Par ailleurs, le titre de Docteur en neurosciences de Roselyne Lalauze-Pol n’a pas été mentionné alors qu’il l’a été pour l’un des kinésithérapeutes, pas plus que le résultat de sestravaux de recherches de doctorat et l’article scientifique co-écrit avec son directeur de thèse François Jouen sur la biométrie de la croissance faciale entre 1 mois et 7 ans qui permet de quantifier la normalité ou l’anormalité de cette croissance faciale (http://gslpublishers.org/journals/current-issues/139-Article.pdf) De plus, un rapport datant de 2014 écrit par des kinésithérapeutes ayant analysé des études sur l’ostéopathie crânienne et faisant ressortir « qu’il n’existe pas actuellement de preuve de l’efficacité de l’ostéopathie crânienne » est évoqué, mais pas les études réalisées depuis démontrant son efficacité.
Sans compter que les échantillons statistiques des études analysées par ces kinésithérapeutes sont souvent des adultes, et qu’il est particulièrement difficile de réaliserce même genre d’étude avec groupe témoin non traité sur de très jeunes enfants à qui l’on diagnostique une dysfonction ou une dysmorphose. Pourtant, à l’étranger comme en France, la recherche en ostéopathie périnatale et pédiatrique avance, malgré les énormes difficultés rencontrées par les ostéopathes pour obtenir le financement d’études d’envergure.
Ainsi en 2013, Cerritelli et al., dans une étude randomisée, montrait que la prise en charge des prématurés en ostéopathie pédiatrique diminue leur temps d’hospitalisation en néonatalogie.
Depuis 2015 plusieurs travaux ont été publiés, telle l’étude Canadienne de Juliette HerzhaftLe Roy (2017) qui montre l’amélioration de la succion des nouveau-nés suite à une prise en charge ostéopathique. A l’heure où l’allaitement maternel est plus que recommandé par les équipes néonatales, cette étude est passée sous silence.
Il existe d’autres études sérieuses, la SEROPP (www.seropp.org) les liste systématiquement.
Il n’est pas fait état non plus dans l’article du Figaro qu’une étude sur la prévalence et la sévérité de la plagiocéphalie de 2019 montre que cette dernière peut perdurer à l’adolescence, et qu’elle est souvent à l’origine d’une asymétrie faciale conséquente et de troubles de l’articulé dentaire (Di Rocco et al 2019) qui nécessiteront un traitement orthodontique, ce qui était déjà relevé par le Pr J. Delaire dès 1965. Sans oublier une étude très récente (2021) de Pastor et al., qui montre que la prise en charge ostéopathique précoce augmente la motricité et la mobilité cervicale des nourrissons présentant une plagiocéphalie d’origine positionnelle.
Dans l’article du Figaro est évoquée également la recommandation de bonne pratique de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prévention des déformations crâniennes positionnelles et de la mort inattendue du nourrisson publiée en mars 2020, et dont la SEROPP a été la seule société ostéopathique pédiatrique partie prenante ayant rendu un avis officiel.
Or, le fait que la HAS ait écrit dans la fiche mémo de cette recommandation (https://www.has-sante.fr/jcms/p_3151574/fr/prevention-des-deformations-craniennespositionnelles-dcp-et-mort-inattendue-du-nourrisson), ainsi que dans son rapport d’élaboration, que l’ostéopathie pouvait être conseillée en deuxième intention n’est pas mentionné non plus dans l’article du Figaro.
Le Bureau de la SEROPP s’étonne de tous ces oublis ou omissions, et que la parole n’aie pas été donnée aux professionnels de santé, et aux pédiatres hospitaliers notamment, qui travaillent avec succès en collaboration avec des ostéopathes et qui ont une toute autre opinion sur les résultats cliniques de ces derniers. Pour rappel, les décrets d’application de 2007 de la loi de 2002 autorisent à recevoir les nourrissons en première intention, et à pratiquer des mobilisations sur leur crâne, et l’arrêté de 2014 a fixé la réglementation de l’enseignement de l’ostéopathie.
Ainsi, l’ostéopathe peut intervenir sur le crâne du nourrisson en respectant son champs de compétence propre, en établissant un diagnostic d’opportunité lui permettant de référer ce nourrisson à un médecin quand cela est nécessaire, avant une éventuelle prise en charge ostéopathique comportant un diagnostic et un traitement ostéopathiques spécifiques.
La SEROPP, quant à elle, a édicté, dès 2012, des recommandations de bonne pratique en ostéopathie périnatale et pédiatrique, avec l’aide de son conseil scientifique composé notamment de praticiens hospitaliers, professeurs d’universités pour certains, pour la plupart pédiatres.
https://seropp.org/wp-content/uploads/2019/03/2018-recommandations-de-bonnespratiques-et-d-Ethique-site.pdf
Les membres de la SEROPP s’engagent à respecter ces recommandations. Le Bureau de la SEROPP encourage par ailleurs tous les professionnels de la santé dans les domaines de la périnatalité et de la pédiatrie à participer au 7ème symposium de la SEROPP qui aura lieu à Paris le 11 juin 2021 sur le thème des plagiocéphalies, déformations et malformations crânio-faciales en s’inscrivant sur https://seropp.org/symposium-11-
juin-2021/ Lire la lettre ouverte au Figaro adressée par Roselyne Lalauze-Pol sur le site https://osteopathie-perinatale-pediatrique.com/lettre-ouverte-au-figaro/
Réaction de la SEROPP à l’article du Figaro du 22-03-2021 « L’ostéopathie crânienne pour les bébés est-elle utile ? »
